Franklin constate, avec raison, que l’homme n’arrive pas à se passionner pour ce qui touche à son seul bien-être. Paradoxe: matérialisme et bien-être sont le carburant et l’oxygène de toute activité humaine contemporaine.
Et pourtant, ils savent encore se passionner, ces humains! Oui, mais bel et bien pour des seules idées: droite/gauche, école laïque/école privée, mondialisation ou pas, voyez-les s’étriper verbalement, quand ils ne le font pas manu militari. Des grands principes, rien de tel pour les exciter! Mais verrons-nous jamais une manifestation monstre pour revendiquer le droit pour tous à la climatisation dans les voitures?
Et pourtant, ils casseront leur tirelire pour être au frais dans leur véhicule, et répugneront à dépenser un liard pour soutenir la cause qui les fait trépigner. Ce qui est matière appartient au monde de la matière, ce qui est esprit appartient au monde de l’esprit. Deux mondes miscibles, mais pas solubles. L’un, c’est l’huile qui adoucit la vie, l’autre le vinaigre qui lui donne du piquant. Mais on peut faire une vinaigrette sans vinaigre, on ne peut en faire sans huile.