« Quand j’étais jeune, c’était plus facile… » Qui n’a pas dit ou entendu maintes fois cela ? Appliqué à la médecine libérale, qu’en est-il ?…
Tout le monde a conscience et nul ne conteste les énormes progrès de la médecine au cours des 20 dernières années ; Que ce soit dans les moyens d’investigations, ou dans les thérapeutiques elles-mêmes. Le patient est certainement mieux traité aujourd’hui, qu’il y a 20 ans, en tout cas pour les pathologies lourdes.
Mais qu’en est-il du médecin ? Qui s’interroge véritablement sur l’évolution de son épanouissement professionnel ? L’exercice de cet art qu’est la médecine conserve-t-il autant d’attraits? Rien n’est moins sûr…
De l’image traditionnelle et quelque peu romantique du « médecin de famille » dont le dévouement n’avait d’égal que la compétence et le noble désintéressement, à l’image du médecin actuel, Informatisé, Formé Continuellement, Profilé, Encadré, Médicalement Référencé, un monde nous sépare… ou plutôt une époque.
Autrefois, un médecin était fortement imprégné de l’esprit du Serment d’Hippocrate, d’où les valeurs économiques étaient notoirement absentes. Le bon exercice de son art reposait avant tout sur son expérience, sur sa psychologie, sur son dévouement, avec, à son service, des moyens techniques encore perfectibles. Le meilleur pouvait côtoyer le pire…
Aujourd’hui, l’art s’est mué en métier, l’artisan en professionnel. Le champ des techniques et du savoir est incomparablement plus complexe et plus large, les contraintes économiques sont omniprésentes. Le pire a vraisemblablement disparu, au grand bénéfice du patient, mais le meilleur peut-il être aussi bon ?
La technique face à l’art… Dans ce couple infernal, le premier a sans doute, aujourd’hui, pris trop d’ascendant sur le second. Quelques concessions pourraient peut-être rétablir un équilibre nécessaire à la parfaite harmonie du couple : par exemple, pourquoi ne pas alléger les procédures administratives et les contrôles au profit d’une confiance et d’une considération plus clairement exprimées ? Qui sait, cela donnerait peut-être envie aux médecins que leurs propres enfants deviennent, eux aussi, un jour, médecin…