L’apprentissage, voilà désormais le nouveau cheval de bataille que François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls enfourchent pour faire baisser le chômage des jeunes.
Vaste plan de relance, mobilisation des agents de Pôle emploi pour collecter le plus d’offres possibles, les initiatives se multiplient avec pour principal dispositif, annoncé lors de l’intervention du Président sur Canal + en avril, la gratuité pour les TPE qui embauchent un apprenti mineur.
Il est vrai que l’urgence est incontestable : notre pays compte plus de 3,5 millions de demandeurs d’emploi sans aucune activité (chiffres d’avril 2015), avec les 18-25 ans comme premières et principales victimes de ce phénomène de masse. Un jeune actif sur quatre se retrouve ainsi au chômage aujourd’hui, contre 10% du reste de la population, un chiffre inacceptable et révélateur d’un fléau que nous devons combattre sans relâche.
Les termes et enjeux du débat sont pourtant posés depuis de nombreuses années : qui pourrait sérieusement nier les bienfaits de l’apprentissage dans l’insertion professionnelle et la lutte contre le chômage? Disons les choses simplement : il s’agit aujourd’hui de la meilleure voix d’accès à un premier emploi pour des jeunes générations confrontées à l’une des pires conjonctures économiques des dernières décennies.
Une étude récente de l’Institut Montaigne montre que 70% des apprentis trouvent un emploi stable 6 mois après la fin de leurs contrats, contre seulement 36% des jeunes en emplois aidés, ces dispositifs dans lesquels les pouvoirs publics investissent des sommes considérables depuis plusieurs années pour un résultat à l’efficacité limitée.
L’évidence n’échappe à personne et pourtant, la France continue de se classer parmi les mauvais élèves en Europe avec un nombre d’entrées en apprentissage qui ne cesse de reculer depuis plusieurs années : baisse de 3,2% en 2014, et un triste record l’année précédente avec – 8%.
Une comparaison éclairante avec l’Allemagne, qui a trois fois plus d’apprentis que nous et moins de 8 % de ses 15-24 ans au chômage, s’impose ici. Le rapprochement avec l’outre-Rhin devient d’ailleurs cruel lorsque l’on constate que la dépense publique par apprenti est environ trois fois plus élevée en France qu’en Allemagne, pour des résultats très insuffisants.
Les responsabilités sont donc à chercher ailleurs que dans l’insuffisance des investissements consentis.
La France présente d’abord un éclatement institutionnel extrême avec un enchevêtrement des compétences au niveau de l’Etat comme des collectivités qui pénalise beaucoup l’efficacité. Surtout, malgré les ambitions du gouvernement, l’apprentissage reste encore associé à une « voix de garage », ou au mieux un outil de rattrapage après un échec scolaire.
C’est tout l’inverse de l’Allemagne. Pour plusieurs centaines de professions, la seule et unique voie d’accès est l’apprentissage, qui est donc complétement intégré au système d’enseignement initial. La période d’apprentissage est aussi deux fois plus longue outre-Rhin, ce qui augmente fortement l’employabilité des jeunes apprentis. Enfin, contrairement à la situation française, toutes les entreprises, que se soient des TPE, PME ou grandes sociétés internationales recrutent des apprentis.
On entend trop souvent les experts en tout genre nous recommander l’excellence du modèle allemand sur tel ou tel aspect. Les comparaisons européennes ont en effet cela de perverses qu’elles nous font toujours voir l’herbe plus verte chez le voisin. Sachons toutefois reconnaître, avec humilité, quand notre modèle fait fausse route et inspirons nous de la réussite des autres.
La jeunesse, avenir de notre société, est la principale victime de la crise économique qui perdure depuis près d’une décennie. Nous lui devons de changer le système actuel qui a fait preuve de son inefficacité.