La « pépèrisation » : première étape vers la paupérisation ?

Pour s’en prémunir, il faut une pompe à chaleur ; le froid réchauffe le chaud, au prix d’un refroidissement pire encore. C’est ainsi que les êtres les plus énergiques, heureusement dotés par la nature d’une sorte de pompe intérieure, maintiennent, entretiennent cette énergie au prix d’un certain épuisement de ceux qui les entourent….

C’est la loi de la nature, imparable, si ce n’est impitoyable : rien ne se perd, rien ne se crée : le froid doit se refroidir si le chaud veut se réchauffer. Vrai pour le monde de la matière dont l’énergie qu’il véhicule est limitée et engluée dans cette limitation. Mais faux, ou semble faux, pour le monde de l’immatériel : dans certaines conditions, le froid et le chaud peuvent s’échauffer de pair…. Il est ainsi des êtres dont la pompe à chaleur interne réussit ce tour de force réputé impossible, de créer de l’énergie ; il faut trois conditions pour y parvenir : des êtres formidablement énergiques, formidablement charismatiques, et formidablement habités par un projet, une vision, qui rend leur énergie transmissible.  Et ces trois conditions réunies parviennent à ce tour de force de créer de l’énergie, par une sorte de réaction nucléaire en chaîne : les esprits, les cœurs et les âmes qui les entourent  (il faut ces trois constituants simultanément pour que la réaction démarre) s’embrasent collectivement et peuvent ainsi libérer des énergies considérables…..

Est-ce de l’énergie véritablement créée ? me direz-vous. Non sans doute, pas plus que l’énergie nucléaire, mais tout comme l’énergie nucléaire, si profondément et mystérieusement enfouie que, ne la soupçonnant pas même, on la pense miraculeuse lorsqu’elle surgit. Car cette énergie psychologique qui se propage en chaîne est bel et bien de l’énergie nucléaire, d’une fantastique puissance ! Ne dit-on pas, d’ailleurs, que, tout comme l’énergie nucléaire, elle est capable de soulever les montagnes ?

Si cette réaction ne se produit plus, c’est la pépérisation. La paupérisation inéluctablement s’ensuit. N’a-t-il pas fallu certainement, quoique sombrée dans l’oubli, une première réaction nucléaire pour, du feu de bois, mener à la bougie ? Une autre encore pour passer de la bougie à l’électricité ? Le monde est ainsi fait qu’il ne peut progresser que par la survenue de ces hommes d’exception doués de ce talent, dans quelque domaine qu’il s’applique, de libérer autour d’eux ces formidables énergies, nécessaires à « faire bouger les choses » ; tout comme ces volcans qui, subitement, font surgir une montagne au milieu d’un océan morne et plat. La pépérisation, elle, c’est l’érosion : petit à petit, insidieusement et en prenant son temps, elle amoindrit, use, aplanit, tout ce qui est grand et fort.

Il faut donc impérativement de ces hommes qui soulèvent les montagnes, qui suscitent cette formidable énergie, qu’il sera un jeu, une fois libérée, de transformer en quelque chose de nouveau, de grand, de beau…. La vrai question, au niveau de chacun, au niveau d’une collectivité, est donc de libérer l’énergie, non de savoir quoi en faire.

Si la question de l’énergie matérielle disponible demain pour l’humanité est au cœur de nos préoccupations, celle des énergies psychologiques est-elle posée aussi explicitement ?

Soucions-nous d’abord des conditions qui permettent d’identifier ces hommes « nucléaires » et de créer l’environnement qui leur permettra de donner toutes leur mesure ; les uns soulèveront de simples collinettes, des collines, d’autres des montagnes, des pics ; qu’importe la hauteur, l’essentiel c’est qu’ils soulèvent ! Le défi est à la hauteur de l’enjeu : si le principe de l’énergie nucléaire est simple, sa mise en œuvre est autrement plus complexe…

Au lieu de disserter à l’envi sur ce que nous devrions ou pourrions faire, sans trop se soucier de quelle énergie tout cela serait tiré, obsédons-nous sur sa libération… Il n’y aura plus ensuite qu’à la canaliser un peu, mais l’essentiel sera bel et bien fait !