Le savoir-vivre est à l’agrément d’une personne ce qu’une belle reliure est au charme d’un livre.
Qui n’a jamais éprouvé ce charme se contente et se satisfait de livres où le papier disparaît sous les lettres et s’efface devant les phrases.
Modeste serviteur de la pensée de l’auteur et de son texte, il est ignoré, méprisé, au même titre que tous ces bas-métiers si peu nobles et néanmoins indispensables à ce que le monde puisse tourner rond. On mange le pain pour vivre ; on dévore le papier pour lire… « Qu’on se le dise ! » proclament les intellectuels un tantinet snobs. « Comment pourrait-il en être autrement ? » demandent les honnêtes gens qui n’ont jamais connu que cela.
Heureux ceux qui ont eu la chance de lire de très beaux livres – papier consistant, doux et sensuel au toucher, reliure d’un cuir noble et vivant, aux décorations charmantes ou magnifiques ! Ils ont découvert un bonheur insoupçonné : une beauté et un agrément de l’objet qui, bien loin de l’occulter ou d’en distraire, complètent et magnifient le texte qu’il porte. Certes le texte n’en est pas modifié d’un iota ni d’une virgule, mais combien l’élégance et le raffinement de l’écrin qui l’enveloppe le mettent bien en valeur !
Le savoir-vivre est une magnifique reliure qui met merveilleusement en valeur, lorsqu’il s’ouvre, le livre des cœurs et des pensées.