Les fables et autres contes moraux, aussi beaux soient-ils, sont comme l’aspirine : ils peuvent faire chuter la fièvre, mais ne traitent pas la cause de la fièvre. Comme diraient nos doctes médecins, ils traitent les symptômes, mais pas l’étiologie.
Jalousie, flatterie, orgueil, avarice, égoïsme, envie, etc.., tous ces jolis défauts qui émaillent la personnalité de nos semblables, à en faire, pour certains, de véritables Arlequins multicolores, au final êtres de comédie bien plus que de tragédie, ne sont que les symptômes – les manifestations extérieures – d’un mal intérieur et profond : le désir d’attention et de reconnaissance, moteur essentiel de nos comportements. Exister, compter, aux yeux des autres et de soi-même, désir plus ou moins fort selon les êtres, mais désir universel, primitif et premier, au sens qu’il demande impérieusement à être satisfait en préalable à tous les autres.
Supprimez la cause, vous supprimerez l’effet. Las, il n’est pas encore né le Fleming qui découvrira l’antibiotique qui traite cette fièvre de l’être ! Est-ce d’ailleurs une fièvre ? N’est-ce pas plutôt une soif, salutaire et vivifiante ? L’esprit a soif d’apprendre, le cœur a soif de la reconnaissance des autres, l’âme a soif de la reconnaissance de soi-même. Il s’agit simplement d’étancher ces trois soifs. Simplement…. Si l’eau de l’esprit est un torrent dans lequel il suffit de se baisser pour puiser à volonté, l’eau de l’âme gît dans un puits bien profond que l’on ne peut puiser qu’avec effort et volonté. Quant à l’eau du cœur c’est une rosée capricieuse, incertaine et imprévisible, qui se dépose au gré de l’humidité de l’atmosphère ambiante, la qualité des cœurs des êtres qui nous entourent.
Voilà pourquoi les Fables de La Fontaine, universellement admirées, n’ont jamais changé quoi que ce soit aux Hommes, au rebours des religions qui, tentant de donner un sens à l’existence, ont pu réussir à désaltérer certains.