Il y a les anges, il y a les démons, et puis il y a les hommes. Drôle d’animal que celui-là, ni complètement ange, ni complètement démon, mais ange à ses heures, démon à d’autres, tirant plus vers l’un ou l’autre selon les circonstances et ce que Dieu l’a fait.
Au sein de ces hommes, il y a les cyniques, ceux qui penchent naturellement vers le démon; il y a les idéalistes, ceux qui penchent naturellement vers l’ange; il y a les réalistes, ceux qui naturellement se tiennent droit.
Une question, cher Ami: si l’on n’a pas la chance d’être réaliste, vaut-il mieux être cynique ou vaut-il mieux être idéaliste? Peuplée exclusivement de cyniques, sans doute l’humanité aurait-elle disparue, entre-dévorée du fait de ses jalousies et de ses haines intestines. Peuplée exclusivement d’idéalistes, aurait-elle disparue tout autant, dévorée par une nature impitoyable qui ne pardonne aucune faiblesse. Peuplée exclusivement de réalistes, sans doute aurait-elle survécu en piétinant, mais sans connaitre ces avancées sporadiques et prodigieuses qui sont les fruits de la jalousie ou du rêve.
Il faut donc de tout pour faire notre monde. Et le bonheur de chacun dans tout cela?
Du cynique ou de l’idéaliste, quel est le plus heureux? Dieu est-il plus heureux que le Diable? C’est que l’un trouve son bonheur dans le bien, l’autre dans le mal; satanique ou angélique, au final bonheur ne vaut-il pas bonheur?
Il est certain que les sujets terrestres, disons les biens de ce Monde, et la jouissance de les posséder qui va avec, sont infiniment plus à la portée du cynique, tellement mieux armé que l’idéaliste pour se les approprier.
Il est certain tout autant que les sujets célestes, les joies de l’esprit et de l’âme sont infiniment plus à la portée de l’idéaliste qui n’est pas encrassé des scories des nécessités de ce bas monde.
Si vous n’avez pas la chance d’être réaliste, pour votre bonheur je vous souhaite d’être cynique si vos yeux sont tournés vers la terre, d’être idéaliste si vos yeux sont tournés vers le ciel.