Il y a trente ans, la recherche et l’innovation restaient principalement l’apanage des grandes entreprises françaises qui pouvaient facilement consacrer une partie conséquente de leur budget à de nouveaux projets. Aujourd’hui, qu’en est-il?
Force est de constater que le monde virtuel se substitue de plus en plus au monde matériel de sorte qu’on assiste à un renversement des structures d’innovations. Les grands décideurs politiques et économiques devraient aujourd’hui prendre la mesure de ce changement en soutenant massivement les nouvelles start-up portées par la jeune génération. Une jeunesse toujours plus prompte à découvrir de nouveaux projets, notamment dans le domaine des nouvelles technologies.
Pour autant, cet élan créatif a-t-il toute la place qu’il mérite? Et si la France regorgeait de talents inconnus sans que personne, ou presque, ne s’en aperçoive? Nombreux sont ceux qui ont déjà crié au scandale, indignés face à la fuite de jeunes cerveaux français à l’étranger. Si cette indignation peut sembler parfois trop facile, la situation, elle, n’en reste pas moins critique. Car faute de visibilité, de nombreux projets prometteurs portés par de jeunes talents avortent sans même avoir eu la chance de prouver leur potentiel.
Plus qu’une injustice, cette indifférence est une double-faute:
- à l’égard d’une jeunesse de plus en plus désabusée qui se sent « sacrifiée », abandonnée par une société incapable de lui donner sa chance
- quant à notre avenir et notre destin à tous car sans ces jeunes talents, sans leur inventivité, sans leurs idées, la France restera condamnée à l’immobilisme
Or on ne construit rien sur l’immobilisme. On survit mais on ne construit rien. Dans le domaine de la santé, où la recherche et l’innovation sont érigées au rang de valeurs absolues, ce principe revêt même une acuité toute particulière. Sans progrès, point de découverte et point d’avenir. C’est dire tout l’intérêt du nouveau projet créé par deux jeunes Français, Fabrice Nabet et Lionel Slusny, en faveur du financement participatif. Baptisée « WELLFUNDR« , cette interface dynamique lancée il y a tout juste quelques semaines propose de favoriser les rencontres entre entrepreneurs et investisseurs intéressés par les promesses de l’e-santé.
Fondé sur la méthode du « crowdfunding« , cette plateforme interactive permet de lever des fonds auprès de différents contributeurs, d’identifier de nouveaux marchés et d’évaluer la crédibilité d’un projet. En définitive, ce projet remplit aussi un rôle fondamental: celui de donner une tribune à de petites start-up innovantes en mal de visibilité. Nouvelles applications de santé mobile, objets connectés et intégrés: autant de projets qui pourront désormais voir le jour grâce au soutien de généreux particuliers. Chaque investissement sera d’ailleurs récompensé par des contreparties et un intéressement au sein des entreprises concernées.
Alors n’hésitons plus, soutenons l’industrie de demain! La France, portée par ces nouveaux talents, n’en sera que plus belle. Et plus compétitive aussi…Selon une étude du cabinet PWC parue en septembre dernier, le développement de la technologie mobile appliquée au domaine de la santé permettrait à l’Union européenne de générer près de 100 milliards d’euros d’ici 2017. Il n’y a plus de temps à perdre!
Arnaud Gobet
Président d’INNOTHERA
Paru sur L’Huffington Post le 25/07/2014