Alors que le Président de la République conditionne sa candidature en 2017 aux chiffres du chômage, la France n’aide pas ses entreprises, qui sont les seules à pouvoir créer des emplois. Ou plutôt elle ne les aide pas toutes de la même façon.
Coincées entre les emblématiques Petites et Moyennes Entreprises (PME) et les groupes choyés et admirés du CAC 40, les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) ne bénéficient pas de la même bienveillance de la part de nos décideurs politiques et institutionnels. Alors que le Premier ministre en personne a récemment annoncé la mise en place d’un « Small business act » en faveur des PME et que les grandes entreprises continuent de bénéficier de dispositifs fiscaux particulièrement avantageux pour eux, tel le CICE ou le CIR, les mesures gouvernementales en faveur des ETI tardent à venir, sans doute parce que même au plus haut niveau de l’Etat, on ne les connait que très mal.
Leur acronyme lui-même reste souvent un mystère pour une grande partie des français. Un tel constat surprend peu lorsqu’on constate que les ETI ne sont que très rarement évoquées dans nos journaux et que la parole de leurs dirigeants est bien peu relayée dès lors qu’il s’agit de s’exprimer sur leurs difficultés.
Les ETI, tout autant que les PME, payent pourtant un lourd tribu en raison de la crise économique qui n’en finit pas de durer et se heurtent à des obstacles qui empêchent leur développement, à commencer par une fiscalité pénalisante. Cette situation n’est bien évidemment pas nouvelle et pourtant rien ne change. Les ETI, comme l’ensemble des entreprises de notre pays, doivent faire face à un taux d’imposition parmi les plus répressifs de l’Union Européenne, bien éloignés de ceux des entreprises allemandes et britanniques. A titre d’exemple, l’impôt sur les bénéfices atteint 38.1% en France quand il se stabilise à 21% de l’autre côté de la Manche. Le combat est donc inégal pour nos entreprises, qui ne peuvent lutter face à ce déficit de compétitivité. Ce n’est donc pas un hasard s’il y a aujourd’hui en France 4 800 ETI contre 10 500 au Royaume-Uni ou encore 12 600 en Allemagne.
Au-delà de simples barrières fiscales, c’est tout un ensemble de contraintes administratives et comptables qui empêchent les ETI de se développer. C’est simple, les effets négatifs liés au passage du seuil des 250 collaborateurs, qui définit une ETI, n’encouragent pas assez les PME à se développer et aller de l’avant.
Pourtant, les ETI sont véritablement au cœur de l’économie française. Elles représentent 3 millions d’emplois, soit 24% de l’ensemble de l’emploi salarié dans notre pays, et 28% du chiffre d’affaire total des entreprises de l’hexagone. Entre 2009 et 2014, elles ont été à l’origine de la création de 90 000 emplois alors que les grandes entreprises, dont rêvent souvent les jeunes diplômés pour débuter leurs carrières, supprimaient 60 000 postes sur la même période. Rappelons qu’être recruté par une ETI offre ainsi de très belles opportunités à nos jeunes étudiants, y compris à l’international.
Quand on représente 20 à 30 % du PIB de son pays, il est indécent d’être considéré comme la cinquième roue du carrosse. Il est donc tout à fait logique que les ETI souhaitent être estimées à leur juste valeur dans le débat public.
Heureusement, plusieurs initiatives se mettent en place et certains acteurs institutionnels ont pris conscience de l’intérêt d’aider les ETI. C’est notamment le cas de la Bpifrance qui, par l’intermédiaire de son patron Nicolas Dufourcq, a déclaré que les ETI « sont le nerf de la guerre » et que « c’est par elles que tout repart ». Et aux paroles, les actes avec l’arrivée d’un plan ETI 2020 qui doit leur permettre de bénéficier de fonds supplémentaires afin de faciliter les crédits et renforcer leur bilan comptable.
Pour la France et pour l’emploi, il est donc primordial de donner envie à la fois aux PME de devenir des ETI en leur insufflant un maximum de confiance et soutenir ces dernières dans cette période difficile. Signe d’espérance, le dernier baromètre sur la compétitivité des ETI publié en juin dernier par le Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI) montre un regain d’optimisme de la part des dirigeants d’ETI, en dépit d’un environnement juridique et fiscal qui reste flou et globalement insatisfaisant.
Ne les décourageons pas en restant inactifs !
Arnaud Gobet
Président d’INNOTHERA
Paru sur L’Huffington Post le 03/08/2015