Le BIPE, cabinet de prospective économique, a publié récemment une étude consacrée à la régulation du secteur de la santé de 2005 à 2013. Les résultats de cette enquête, totalement inédite, sont on ne peut plus explicites : le secteur du médicament, secteur majeur des industries de santé, a généré à lui seul 56% des économies réalisées dans la santé, alors qu’il ne représente, paradoxalement, que 15% de l’ONDAM, l’objectif national des dépenses d’assurance maladie.
Ainsi, les médicaments ont été, et de loin, les premiers contributeurs des efforts de réduction des déficits publics en matière de santé.
Normal, diront certains ! En période de crise, tous les secteurs doivent participer à l’effort collectif et faire montre de responsabilité au nom d’un intérêt supérieur. Si je partage cette analyse, il me semble néanmoins que l’effort demandé aux industries de santé hypothèque fortement le long terme et leur appétence pour investir en France.
Car à trop vouloir réguler les médicaments, via des réductions de prix ou une multiplication des génériques, on oublie que les laboratoires pharmaceutiques ne sont pas seulement de grandes entités abstraites, réduites à leurs seules cotations boursières. Ce sont aussi des viviers d’emplois qui font vivre l’économie française. En 2011, 1 974 emplois ont disparu. Combien l’année prochaine ?
On oublie que derrière ces emplois, ce sont des hommes et des femmes qui sont également engagés au quotidien dans la recherche de traitements innovants.
On oublie que ces traitements, s’ils profitent à de nombreux patients en France, sont également porteurs d’un fort potentiel d’exportation. Or l’hexagone se situe désormais, comme l’a souligné récemment le président du Leem Hervé GISSEROT, au 17ème rang européen en termes d’autorisations de mise sur le marché de nouveaux médicaments en procédure centralisée.
On oublie, enfin, que l’industrie des médicaments, par son potentiel de recherche mais aussi par sa production industrielle, est un gisement essentiel pour l’économie française et, à ce titre, un de nos meilleurs atouts pour participer à la croissance.
Pour la première fois de son histoire, le secteur pharmaceutique est entré en récession en 2012. C’est dire, dans un tel contexte, l’urgence d’une nouvelle politique. Grâce à la capacité d’innovation de ses laboratoires et à son savoir-faire, la France est parvenue à s’imposer, depuis plus de cinquante ans, comme un leader mondial de l’industrie pharmaceutique. Mais qu’on se le dise : cette prééminence, tant enviée par nos partenaires, n’est pas acquise ad vitam aeternam !
Pour maintenir notre rang, il faut que les responsables politiques soutiennent notre industrie à travers une politique dynamique et volontariste. Des mesures encourageantes ont été adoptées à l’issue de la sixième édition du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) qui s’est tenu le 5 juillet dernier. La simplification programmée des procédures administratives relatives aux essais cliniques ou encore l’annonce de nouveaux investissements en faveur des dispositifs médicaux et de la e-santé en sont autant d’exemples. Espérons désormais que le gouvernement tiendra ses promesses et qu’il ne sacrifiera pas notre industrie sur l’autel d’une cure d’austérité obligée. A cet égard, le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2014, dont les premières annonces sont plutôt inquiétantes, aura valeur de test.